Être en colère pendant un exercice intense triple le risque de crise cardiaque
Des résultats obtenus par l’équipe du cardiologue canadien Salim Yusuf, et récemment publiés dans la revue Circulation, indiquent qu’un épisode de colère ou un effort physique très intense double le risque d’un infarctus dans l’heure qui suit. Chez les personnes qui combinent les deux extrêmes, c’est-à-dire qui sont en colère et tentent de « faire sortir la vapeur » à l’aide d’un exercice à haute intensité, ce risque d’infarctus est même triplé.
Ces observations sont en grande partie en accord celles du groupe de Murray Mittleman de Harvard montrant que des épisodes de colère ou encore un effort physique très intense sont tous deux capables de déclencher un infarctus aigu du myocarde. Ces facteurs activent le système nerveux sympathique et la sécrétion de catécholamines, ce qui provoque une augmentation de la pression sanguine et du rythme cardiaque et donc une demande plus élevée en oxygène par le muscle cardiaque. Chez les personnes qui présentent des plaques d’athérosclérose, l’ensemble de ces facteurs peut accélérer la rupture de ces plaques et former un caillot qui va provoquer un infarctus en bloquant l’arrivée de sang au cœur.
Une donnée étonnante de l’article du Dr Yusuf est l’absence de protection offerte par la pratique régulière d’une activité physique sur la hausse du risque d’infarctus suite à un effort intense. Alors que les travaux du Dr Mittleman montraient que ce risque accru était principalement observé chez les personnes sédentaires (et qui n’étaient donc pas « en forme »), les résultats du Dr Yusuf suggèrent au contraire que tout le monde est à plus risque d’infarctus lors d’efforts intenses, même ceux qui sont à la base en bonne forme physique. Ces résultats contradictoires sont difficiles à interpréter, mais suggèrent néanmoins qu’il peut exister certains risques associés à des activités physiques de très forte intensité, surtout lorsqu’on est en proie à la colère ou à des émotions fortes.
Cela dit, il est important de rappeler que l’exercice physique modéré est associé à une diminution importante du risque d’au moins 26 maladies différentes, incluant les maladies cardiovasculaires. En conséquence, les personnes actives physiquement ont moins de risque de mourir prématurément et présentent un degré d’invalidité en fin de vie plus faible que celles qui sont sédentaires. L’activité physique modérée est à juste raison considérée comme un « médicament universel » et demeure le meilleur moyen connu à ce jour de vivre longtemps et en bonne santé.